Voitures des 60' / Voitures françaises

Facel Vega – Facellia

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Facel Vega Facellia

 

Une petite sportive, bijou de l’artisanat automobile français mais également fossoyeur de la marque.

 

 

 

 

Symbol du luxe, de l’artisanat et de l’élégance à la Française mais également du dynamisme que connaissait l’industrie automobile de l’après-guerre j’ai choisi cette fois-ci de vous parler d’une belle petite décapotable, sportive, la Facel Vega Facellia.

Avant tout, un peu d’histoire

La marque Facel Vega fut créée en 1954 par Jean Daninos avec la volonté d’inscrire cette dernière dans la lignée des grandes marques automobiles françaises alliant luxe et sportivité telles que Bugatti, Delahaye, Delage ou encore Talbot.
Jean Daninos débuta sa carrière en 1928 comme stagiaire chez André Citroën. Il y acquit une grande expertise en matière de travail de l’acier, notamment sur les carrosseries tout acier.
Suite au rachat de l’entreprise Citroën par la famille Michelin il quittera la société pour aller travailler chez un constructeur aéronautique français, Morane-Saulnier… où il travailla sur l’acier inoxydable et les alliages légers.
L’entreprenariat étant un souhait de longue date de Jean Daninos il quitta peu de temps (3ans plus tard) après l’avionneur pour fonder en 1939 sa propre société, FACEL, acronyme pour Forges et Ateliers de Construction d’Eure-et-Loir.
Après une courte expérience sur les gazogènes et un début dans la fabrication de pièces de carrosserie pour l’aviation il retourna rapidement à ses premiers amours, l’automobile ! Afin de garantir son approvisionnement en acier il fit l’acquisition d’un importateur Suédois, le groupe Metallon. Il noua alors des partenariats avec des constructeurs automobiles tels que Simca, Ford, Jeep ou encore Panhard pour qui FACEL produisit des carrosseries.
Toujours travaillé par l’idée d’entreprendre, d’aller plus loin et pourquoi pas de suivre les pas d’André Citroën parti de rien et qui créa une des plus grandes marques de son époque en seulement que années il décida au début des années 1950 de produire des véhicules sous sa propre marque. Ainsi n’acquit en octobre 1954 FACEL VEGA, date à laquelle la première voiture de l’entreprise fut dévoilée au Salon de l’Automobile de Paris.
Pour la petite histoire « Vega » n’est pas un acronyme. Le frère de Jean Daninos lui suggéra alors d’accoler le nom de l’étoile la plus brillante de la constellation de la Lyre : Vega.

Après le succès du lancement de sa première voiture, la FV le modèle évolua avec la sortie en 1955 de la FV2, de la FV2B, la HK500 puis de la FV3 en 1956. Même si l’accueil est plus qu’encourageant, que les models deviennent les voitures « à la mode » des grands de ce monde le volume des ventes n’est pas suffisant pour rentabiliser les investissements initiaux. Parmi les grands noms de l’époque propriétaire d’une belle Facel Vega on pouvait compter Stirling Moss, Jean Marais, Albert Camus (qui se tua au volant d’ailleurs), Ava Gardner, René Coty, Tony Franciosa, Franck Sinatra, François Truffaut, Christian Dior, Yves Montand, Pablo Picasso ou encore des têtes couronnées comme par exemples le Shah d’Iran ou le roi du Cambodge.
Revenons au problème, Jean Daninos décide alors de lancer l’étude d’une petite décapotable, sportive et ciblé « moyen de gamme ». L’idée était d’avoir une petite voiture, produite à grande échelle et qui pourrait facilement concurrencer les belles petites anglaises de l’époque (MG, Triumph, Austin-Healey) voir les petites italiennes estampillées Lancia, Alfa Romeo… tout en capitalisant sur la forte réputation, sur l’image acquit par la marque. Le projet Facellia venait ainsi de naitre !
La performance ne devait pas pour autant oubliée ! Elle devait pouvoir rivaliser aisément avec les Porsche 356, les Austin-Healey BN4 100 ou encore avec les Alfa Romeo Giulietta 1600.

Sur un plan « technique » la Facellia fut dotée d’un châssis tubulaire sur lequel était soudée une coque en acier.

Parlons de son trait de crayon

Avec « seulement » 4m12 de long, 1m58 de large et 2m45 d’empattement la Facellia offrait un gabarit plus modeste que ses illustres grandes sœurs alors fortement inspirées par les standards américains de l’époque. N’oublions pas que durant la Seconde Guerre Mondiale Jean Daninos s’exila momentanément aux USA. De là lui vint surement l’inspiration.
Bref, revenons à notre Facellia ! Même si le gabarit est plus « européen » les lignes générales sont fortement empruntées aux précédents modèles.
Symbiose parfaite entre une allure « à l’américaine », des lignes faisant penser à certaines allemandes ainsi qu’une finesse, élégance et légèreté du trait rappelant le génie des grands carrossiers français.

Même si la Facellia fut officiellement présentée au public le 1er Octobre 1959 il est à noter que les lignes définitives furent décidées et validées seulement le 25 Septembre 1959 en fin de journée… soit moins de trois jours avant le salon ! Précipitation, précipitation…

Une ligne plus « européenne » que ses grandes sœurs

La calandre marque clairement le lien de paternité avec les premières voitures sorties des ateliers Facel Vega.

La ligne de caractère est tendue, pure et dynamique. Elle s’étend du haut des globes / phares et part tout en tension. Elle se bombe très légèrement au niveau du capot (qui est aussi le niveau du passage de roues d’ailleurs) pour le faire naitre et repart tout en pureté et droiture jusqu’à une chute à 140° en direction des petits feux monoblocs verticaux dits « couteaux ».
L’avant reprend la célèbre calandre Facel Vega constituée de trois blocs et de ses célèbres quatre phares verticaux. Une impression de finesse, d’élégance s’en dégage sans pour autant offrir également le côté massif / imposant que pouvait offrir ses grandes sœurs. Un léger galbe se dessine entre les 4 phares pour faire naitre le capot.
L’arrière offre un coffre carré qui se termine légèrement en retrait par rapport aux célèbres feux couteaux. Ce coffre s’arrondira au fur et à mesure des évolutions de cette petite Facellia pour suivre le galbe des ailes.

Soucieux de marquer la filiation avec ses luxueuses grandes sœurs la Facellia proposait un intérieur luxueux et méticuleusement fini : sellerie des sièges en cuir de qualité, tableau de bois rappelant la HK500. Dans sa dernière version elle proposera un tableau de bord central peint imitation bois.

Une motorisation désastreuse qui coula l’image de marque de Facel Vega avant de couler l’entreprise elle-même.

La Facellia trouve vite son public et séduit rapidement de nombreux clients hélas la fragilité de son moteur va porter un coût fatal à la marque.
Dans un souci de cohérence, de finance et de respect du projet FV (Facel Vega) se met à la recherche d’un petit moteur. Exit donc les gros moteurs V8 américains développant entre 200 et 350cv qui étaient jusque-là utilisés par le jeune constructeur automobile. Toutefois l’entreprise qui jusque-là n’avait aucun mal pour obtenir une licence d’importation sur les gros moteurs pour une production de voiture en série artisanale butta sur les principes alors en place en matière de production et de souveraineté nationale.

Il était en effet interdit de se fournir à l’étranger une ou des pièces maitresses pour une production automobile à échelle industrielle pour ce projet. Pourquoi ? Car l’État apporta une aide financière au développement de ce dossier et ne souhaitait pas voir les devises sortir du pays. Pour faire plus simple Facel Vega devait trouver un moteur français.

Pourquoi cette précipitation ? Cela peut s’expliquait par deux choses, premièrement le besoin urgent pour l’entreprise de retrouver un équilibre financier. Deuxièmement, il faut savoir qu’à partir du 1erJanvier 1960 les droits de douanes devaient baisser… Il fallait donc profiter de cet avantage commercialise avant l’arrivée de la baisse de prix pour les petites concurrentes d’outre-manche.

C’est alors que l’entreprise Pont-à-Mousson, déjà sous-traitante (boîtes de vitesses) pour Facel Vega proposa un projet de moteur déjà étudié mais qui était resté dans les cartons. Il s’agissait d’un moteur 6 cylindres 2,8 litres que FV demanda à modifieren 4 cylindres, 1,6 litre équipée d’une culasse aluminium ainsi que d’un double arbre à came… assez risqué techniquement compte tenu de la précipitation. Au final ce moteur PAM (Pont-à-Mousson) développait 115 ch à 6 400 tr/min ce qui permettait à la Facellia de flirter avec les 180 km/h, belle performance à l’époque pour la catégorie !
Hélas ce moteur qui fut développé beaucoup trop rapidement, sans tests suffisants, révéla une fiabilité désastreuse avec, entre autres des soucis d’huile, de distribution, de carburateurs, d’assemblage des bielles ou encore des problèmes de refroidissement entrainant des surchauffes moteur. Beaucoup de moteurs cassaient une fois arrivés entre 40.000 et 50.000 km.

Suite à de nombreuses casses moteurs l’entreprise lança le rappelle, puisque sous garantie, d’un peu plus de 300 voitures pour un changement moteur. Ce fut une couteuse…très couteuse opération qui plomba encore plus les comptes de Facel Vega. Suite à cela pour essayer de se « rattraper » commercialement Jean Daninos lança une Facellia coupé 2 places avec hard-top ainsi qu’un 2+2… Hélas le mal était fait ! Les 300 premières Facellia ruinèrent la belle réputation que la marque avait réussi à construire. Les clients n’avaient plus confiance et les titres de presse de l’époque n’arrangèrent pas l’histoire.

En mars 1961 une grande partie des soucis révélés sur la Facellia dite « F1 » sont résolus grâce au travail de fiabilisation du moteur (réalésage…) par un bureau d’étude (Le Moteur Moderne). Cette version F2 de la Facellia est facilement reconnaissable grâce au changement des optiques. Sur cette version la petite sportive reprend les phares de la Facel II. Elle sera suivie en septembre par une version F2-62 (ou F2B) techniquement parfaitement au point… un peu tard.

En 1963, suite à l’assouplissement de la position du gouvernement français ce dernier autorise l’entreprise à importer un moteur 4 cylindres Volvo P1800 développant 108cv pour remplacer le Pont à Mousson. Ce dernier est un peu moins puissant que celui de base mais offre beaucoup de souplesse, de douceur, de robustesse…ainsi qu’une sonorité accrue. Pour la petite anecdote FV proposait aussi l’overdrive en option avec cette motorisation. Grâce à lui la Facellia pouvait titiller les 180 km/h. Alors renommée Facel III elle fut proposée en cabriolet et en Coach.
1963 fut la dernière année de production de la Facellia. Au total un peu plus d’un millier de voitures furent produites entre 1959 et 1963.

Pour terminer la session « moteur » sur une note positive il faut préciser que l’Amicale Facel Vega contribue activement depuis des années à la re-fabrication de pièces introuvable, dans la fiabilisation du moteur Pont-à-Mousson ainsi que dans la restauration. Si vous avez en projet d’acquérir une FV a retaper, il est indispensable de les contacter !

Quelques brèves apparitions en compétition

La Facellia fut engagée et obtint de bons classements sur différents circuits comme par exemples le Rallye Monte-Carlo en 1961 ou encore le Tour de France cette même année.

Côté anecdotes :

Pour la petite histoire en 1951, donc peu de temps avant la création de la marque Facel Vega Jean Daninos qui avait déjà son projet bien établit en tête créa, en partenariat avec Bentley et avec la collaboration de Pinin Farina le luxueux coupé Bentley Cresta 2. L’idée derrière, même si ca ne reste que mon interprétation, était certainement de tester ses équipes, démontrer l’excellence de son entreprise et pourquoi pas faire un peu de « benchmarking » (analyse comparative dans le but de s’améliorer, de comprendre les points forts de la concurrence) …

Dernière anecdote pour la marque, après les échecs de la Facellia Jean Daninos fait le choix de tenter le tout pour le tout pour relancer Facel Vega en redorant son blason. Il lance l’étude et la conception d’une Facel Vega destinée à la compétition, une voiture à moteur central. Derrière cela il y avait une certaine logique. Les FV étaient reconnues pour leur puissance, pour leurs records de vitesse (pour des berlines) sur route. S’attaquer à la course n’était donc qu’un prolongement qui aurait pu sauver l’entreprise. L’objectif affiché était de remporter les 24H du Mans !
Un prototype commença a être assemblé. Il fut équipé d’un V8 Chrysler développant 465ch permettant ainsi à la voiture d’atteindre en théorie à minima 330 km/h. Hélas les nouveaux actionnaires dont la SFERMA, sur fond de décision politique, décidèrent d’arrêter les frais et lancèrent la liquidation de l’entreprise (1964). Le prototype ne sera jamais terminé. Pire encore il fut désassemblé pour restituer les pièces aux différents fournisseurs.
Dans un dernier élan d’espoir Jean Daninos négocia et arracha un accord de reprise par le groupe Rover. Toutefois il ne reçut pas l’autorisation de l’administration pour concrétiser cet accord. Le 31 Octobre 1964 la société Facel Vega ferma définitivement.

Jonathan

contact@1001voituresanciennes.art

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