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La Lancia Astura

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La Lancia Astura

 

L’une des plus belles représentantes du style italien d’avant-guerre.  

 

 

Avant de parler précisément de la Lancia Astura faisons ensemble un bref point d’histoire sur la marque.
Lancia est une marque italienne qui fut créée en 1906 par l’ingénieur de génie Vincenzo Lancia, anciennement directeur des essais chez Fiat et pilote de course. C’est chez ce dernier qu’il développa son expertise en matière de motorisation. Mais c’est également là que, bridé par les contraintes il décida de fonder sa propre firme afin de pouvoir mettre en pratique ses idées novatrices / disruptives. Dès la fin de l’année suivante (1907) Lancia lança la 12 HP Alpha (Tipo 51). Elle fut exposée pour la première fois au grand public lors du Salon de l’Automobile de Turin en 1908. Elle sera rebaptisée Alfa en 1919.

La 12HP Alfa était une voiture très innovante pour ce début de siècle. Avant tout, et contrairement à ses concurrentes elle possédait un châssis très bas (et léger) pour l’époque. Elle se distinguait aussi par l’utilisation d’aluminium pour le bloc moteur ainsi que par la présence d’une transmission mécanique à cardans (en ce temps là on utilisait plutôt des chaines). Le régime moteur était également plus élevé que ce qui se faisait « classiquement ». C’est cette voiture qui lança réellement la marque, notamment à l’international. Elle contribua aussi fortement à la renommée de ses voitures en courses. Elle sera suivie par la Di-Alfa (1908), la Beta en 1909, la Gamma en 1910, la Delta en 1911 ainsi que l’Eta en 1913.

Lancia Astura série III cabriolet par Pinin Farina

Par la suite, la 1èreGuerre Mondiale éclata ce qui obligea la firme transalpine à revoir sa production pour se reconvertir, comme beaucoup, dans la fabrication d’engins militaires (camions, fourgons…) et de moteur d’avions. C’est en grande partie grâce à la conception de moteur pour l’aviation que Lancia développa une solide expérience dans la conception de moteurs en V qui feront le succès de la firme. La première voiture qui en a été équipée après guerre est la Trikappa V8 (1918). Elle sera suivie en 1929 par la Lambda (4 cylindres en V) puis l’Astura… La Tri-Kappa sera également la première voiture à revêtir une carrosserie autoporteuse mais aussi à offrir une suspension télescopique à l’avant (invention et brevet Lancia !). Cette invention permit à la firme d’acquérir une solide réputation en matière de tenue de route, de maintien et de confort.

Parlons (enfin !) de la Lancia Astura

C’est en 1931, au Salon de l’Automobile de Paris que Vincenzo Lancia lança ses deux nouveaux modèles destinés à remplacer la Lambda; l’Artena et sa grande sœur l’Astura. La première est plus petite que la deuxième (+19cm) et sert d’entrée de gamme. Elles sont construites sur la base d’un châssis séparé à longerons caissonnés soudés par un croisillon tubulaire. Il équipa l’Artena d’un moteur 4 cylindres en V de moins de 2litres et l’Astura d’un V8 de 2,6L (2605cm3), 72cv, à arbre à cames en tête unique et alimenté par un carburateur Zénith. Tout ceci permettait de propulser l’Astura série 1 à plus de 125km/h.
Ce moteur baptisé Tipo 85 V8 possède une petite particularité, l’angle qui est formé entre le V et les deux rangées de cylindres est classiquement de 60° à 90° (chez les concurrents) ici il n’est que de 17° ! Ce « détail » lui confère un aspect plus massif quand on ouvre le capot. Certains sont même allés jusqu’à prendre ce moteur V8 pour un V4…

Lancia Astura 1934

Toutefois seulement 738 modèles sortiront des usines la première année… après ce succès plus que mitigé Lancia décide de sortir un an plus tard une série deux, avec de minimises modifications techniques permettant une légère amélioration des performances. Amélioration notable, à partir de la série II l’Astura fut équipée de support de moteur (silent bloc) afin de réduire les vibrations, le bruit et donc d’améliorer le confort. Pour le reste qui dit améliorations minimes dit « hausse » minime du succès…

En 1934 une troisième série est présentée avec notamment une puissance moteur (Tipo 91 V8) portée à 82ch (grâce entre autres à un réalésage, cylindrée portée à 3litres). Toutefois l’Astura série III ayant pris un peu de poids l’amélioration des performances fut toute relative (130km/h).
L’autre singularité pour cette version III est qu’elle était proposée avec deux empattements; un châssis de 3100mm ou un de 3320mm contre 3018mm pour la série 1. Petite nouveauté, un servo-frein à dépression faisait partie de l’équipement de série. Des freins hydrauliques étaient proposés en option, chose rare pour l’époque !

La quatrième (et ultime) évolution de l’Astura fut elle présentée en 1937. Elle fut aussi équipée du moteur V8 Tipo 91 mais améliorer pour gagner quelques petits chevaux. Pour cette dernière version quelques améliorations furent apportées : des freins à assistance hydraulique de série, une capote électrifiée… L’empattement « le plus court » est à nouveau allongé pour être porté à 3175mm.

Des défauts corrigés mais trop tardivement…

Toutes séries confondues la Lancia Astura fut construire à 2912 exemplaires ce qui est un succès mitigé compte tenu de la concurrence et des attentes du constructeurs. Deux principaux facteurs peuvent expliquer cela. Dans un premier temps on pourrait dire que le rapport prix/performance était insuffisant pour les premières versions comparées aux automobiles concurrentes. Toutefois la série IV a eu raison de cette critique souvent reprochée à l’époque… malheureusement trop tard ! En effet quand cette dernière sort le monde est plongé dans des temps troublés, avec une situation économique très difficile…pré 2ndGuerre Mondiale. Cette dernière aura raison de l’Astura, symbole du grand luxe à l’italienne.

Les Lancia Astura furent engagées sur différentes compétitions avec notamment des podiums lors des Mille Miglia 1934 ou encore lors du tout premier Tour Automobile d’Italie (1934).

Focus sur les mythiques lignes de la Lancia Astura cabriolet par Pinin Farina

Lancia Astura série III cabriolet par Pinin Farina

Parlez des courbes de cette belle italienne n’est pas une chose aisée. Sa ligne est toute en volupté, toute en longueur et ceci malgré l’imposant gabarit. Les flasques qui recouvrent les roues arrière tout comme la carrosserie des ailes avant font penser à des gouttes d’eau, toujours tout en longueur… Il n’y a pas d’angles sur la voiture, aucune ligne cassée. Ses lignes sont toutes en harmonie. Il y a beaucoup de finesse dans la générosité de sa ligne, dans les rondeurs de ses lignes. Autre point important, autant dans ses lignes extérieures que dans le design intérieur (notamment avec le tableau de bord) la Lancia Astura Pinin Farina m’a toujours (et immédiatement) fait penser aux mythiques lignes des bateaux Riviera (notamment l’arrière de la voiture).
Petits détails qui ont leur importance des jantes coniques pleines, une calandre tout en hauteur apportant un côté étiré et imposant à la voiture ainsi que des volets thermostatiques sur les flancs du capot. Les fines barres chromées posées sur les marches pieds apportent elles aussi une touche de charme et augmentent la sensation « de longueur, d’étirement » que l’on peut ressentir quand on est face à cette voiture.

Une voiture source d’inspiration pour de nombreux grands carrossiers

L’Astura n’est pas devenue célèbre uniquement pour ses lignes « d’origines » mais également grâce à de très nombreuses œuvres réalisées autant par des carrossiers italiens qu’étrangers : Farina (et pas que sous les coups de crayon de Battista Pinin !), Touring, Boneschi, Castagna, Viotti, Bertone, Weinberger, Sadomla, Buhne, Pourtout, Abbott & John Charles… Les italiens resteront tout de même les plus prolifiques ! Pour simplifier la tâche la plupart recevront les châssis et non la voiture déjà assemblée on peut donc se dire que ses oeuvres étaient cautionnées par Vincenzo.
Personnelle j’ai une deux coups de coeur, le premier pour l’élégance et l’harmonie de la Coupé Pinin Farina, le deuxième pour la modernité des lignes de la Pourtout.

Petit focus sur le nouveau logo Lancia de l’époque

Pour la petite anecdote c’est en 1911 que la firme transalpine opte pour le célèbre logo représentant un volant à quatre branches surmonté d’un drapeau et d’une lance façon porte étendard. A noter la présence d’un accélérateur manuel sur le rayon droit du volant. Le drapeau intègre le nom du constructeur. Il fut dessiné par le comte Carlo Biscaretti di Ruffia. Il remplaça au début des années 1920 l’ancien emblème qui n’était qu’une simple calligraphie dorée. L’idée à l’époque était d’amener l’idée du « fait main », d’attention artisanale…Toutefois pour nuancer il faut préciser que beaucoup de constructeur de l’époque en faisait de même !
Revenons au nouveau logo. La symbolique est simple, le volant évoque la voiture mais également le côté sportif (n’oublions pas que Vincenzo Lancia fut pilote de course). En ce qui concerne la lance il ne faut pas aller chercher bien loin « Lancia » signifie lance en italien… tout simplement ! La lance et le bouclier ont un fin contour doré, surement un clin d’œil au premier logo.
A noter également que le volant et la lance disposés comme cela font penser à un bouclier de chevalerie et à l’arme du cavalier… En dehors du côté « chevaleresque », l’auteur à surement voulu intensifier l’idée d’élégance, de distinction et de luxe que Lancia représentait à l’époque.

Côté anecdotes

Lancia Astura Boneschi

Pour la petite histoire le célèbre chanteur Eric Clapton possédait une Lancia Astura. La légende veut qu’il ait affirmé à un journaliste que « l’Astura fut la chose la plus agréable que j’ai eu à l’extérieur de la scène mais aussi à l’extérieur du lit. »
Toujours pour l’anecdote c’est sous l’influence du frère de Vincenzo, Giovanni que l’ensemble des automobiles Lancia furent baptisées avec des noms de lettres grecs. Professeur de langues classiques, et notamment de grec ancien il conseilla en 1919 à son frère d’apporter une touche supplémentaire d’élégance, d’excellence en baptisant toutes les voitures ainsi.

Pour finir, sans une touche de tristesse, Vincenzo Lancia mourut en 1937. Son fils, Gianni Lancia prit alors la direction de la firme. Ce dernier concevra plus tard la célèbre Aurelia… une voiture dont nous parlerons dans un prochain article.

 

Jonathan

contact@1001voituresanciennes.art

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