La Paggio Vespa 400
La Paggio Vespa 400
Une petite italienne au fort accent Français
L’histoire de la Piaggio Vespa400 débute en 1953 avec le développement par l’entreprise d’un projet de microcar baptisé « 4R », dans un contexte d’euphorie économique pour l’Italie. La croissance revenant chez nos voisins transalpins, le pouvoir d’achat suivant également un mouvement de motorisation en masse de la population commence. Deux autres éléments sont également importants à prendre en compte pour mieux comprendre le contexte de l’époque. En dehors de la hausse du pouvoir d’achat en Italie il faut aussi prendre en considération l’urbanisation grandissante qui a lieu en Europe dans les années 50’ (avec les problèmes de places et de circulation que ca engendre) faisant naitre ainsi le marché des « mini-voitures ».
Une certaine partie de cette jeunesse citadine cherche également à passer du deux roues au quatre roues. Tout ceci rend la conception de mini-voitures censée, offrant de belles perspectives économiques aux constructeurs !
Jusque-là la seule offre de petite voiture populaire « fatto in Italia » (fabriqué en Italie) était le vieillissant modèle Fiat 500 Topolino sortie en…1936 ! Avant la Vespa 400 (et la Fiat 500 Nuova) les consommateurs souhaitant acquérir une « petite populaire » devaient se rabattre sur la Citroën 2CV ou encore la Renault 4CV.
La Vespa 400 est dévoilée au grand publique à l’occasion du Salon de l’Automobile de Paris 1957. L’accueil du public tout autant que celui de la presse est plus qu’enthousiaste. De nombreux journalistes de l’époque salueront le design, la simplicité technique, l’avant-gardisme mais également le confort de cette voiture aux dimensions lilliputiennes.
Cette même année, en septembre 1957 le célèbre pilote italien Juan Manuel Fangio traversa les Alpes à son bord. Il en louera les performances et son confort : « Elle est tellement confortable que j’avais l’impression de conduire une voiture bien plus imposante ». Cette petite transalpine avait donc tout pour réussir!
Lancée avec pour objectif d’atteindre une production annuelle moyenne de 30.000 unités Paggio ne produira au final que 29.873 exemplaires entre 1957 et…. 1961. Toutefois les qualités intrinsèques de la voiture ne sont pas les principales responsables…
Un échec commercial sur fond de guerre italienne Fiat vs. Paggio
Au début des années 1950 Vespa était leader des ventes de deux roues chez nos amis transalpins et Fiat faisait figure de principal groupe automobile du pays. Les deux entreprises ayant eu, quasiment en même temps, l’idée de travailler sur une mini-citadine Fiat réussit toutefois à sortir sa Fiat 500 Nuova quelques mois avant Paggio.
Voyant d’un mauvais œil la sortie d’une concurrente à sa 500 le groupe Fiat, avec la complicité du gouvernement italien de l’époque mit la pression sur les sous-traitants afin qu’ils ne travaillent pas avec Piaggio. Cette dernière n’ayant pas d’autres choix, elle décide de se tourner vers des fournisseurs non italiens. Manoeuvre intelligente qui aurait pu fonctionné si le gouvernement transalpin de l’époque n’avait pas décidé d’augmenter drastiquement les frais de douanes imposables sur une Vespa 400 d’importation. Seule solution pour l’entreprise reine des deux roues, fabriquer entièrement la Vespa 400 en France conférant ainsi à cette voiture la réputation d’être la plus française des petites italiennes… et oublier le marché italien.
Elle fut ainsi construite par ACMA (Ateliers de Construction de Motocycles et Accessoires), une filiale basée dans la Nièvre, près de Fourchambault. Toutefois, prix à payer pour forcer la sortie de cette voiture, elle ne fut jamais commercialisée (importée) sur ses terres historiques… les taxes douanières l’auraient rendu beaucoup trop chère! Hélas le marché des mini-citadines était beaucoup plus restreint en France…qu’en Italie. L’espace était réduit, qui plus est face aux principales concurrentes, bien implantées telles que la Citroën 2CV, la Renault 4CV ou encore la Simca 1000.
A noter qu’à la même époque d’autres micro-cars…à la micro-production virent le jour comme la BMW Isetta ou encore la Messerschmitt.
Une mini-citadine à la bouille joviale
On doit ses mignonnes et gracieuses lignes au designer italien Corradino D’Ascanio. Longue de 2m85 elle s’articule autour d’une architecture en trois volumes avec un parfait équilibre entre les trois. Malgré son premier abord qui laisse penser à petit côté « cubique » de la voiture elle ne possède pas de lignes cassées, pas d’angle de carrosserie qui ne fut arrondi.
L’avant de la voiture donne à sourire grâce à ses deux grands phares chromés, son grand pare-chocs chromés et surtout sa petite trappe avant sur laquelle vient se loger la plaque d’immatriculation. A sa rencontre on ne peut faire autrement qu’afficher un large sourire !
La partie « habitacle » semble offrir un volume imposante par rapport à l’avant mais également à l’arrière de la voiture. Le fait que la voiture est quasiment aussi haute (1m25) que large (1m27) en est certainement la raison. Le point positif est la belle habitabilité offerte au conducteur ainsi qu’au passager. Ils peuvent y tenir, relativement aisément sans non plus se sentir « étriqués ». Deux grandes portes suicides viennent également faciliter l’utilisation de cette voiture.
La poupe de la voiture où se loge le moteur est tout en rondeurs « tronquées ». Des petits feux arrière chromés viennent prolonger la ligne de la voiture, lui conférant quasiment un petit côté aérodynamique. Le capot arrière est ajouré par des persiennes afin d’éviter la surchauffe dans le compartiment moteur.
En 1958 avec pour idée de la rendre plus séduisante et élégante auprès d’un publique de plus en plus exigent Piaggio l’équipe de pare-chocs (lisses) chromés ainsi que de pneus à flancs blancs.
Une voiture conçue avec « simplicité » et « minimalisme » comme maitres mots…
Piaggio qui misait tout sur la simplicité d’entretien et dans la robustesse de sa petite voiture alla même jusqu’à la garantir 50.000 km !
Elle est équipée d’un petit bicylindre (donc moteur deux temps) de 394cm3 fonctionnant avec un mélange essence/huile et délivrant 12 chevaux. Un « petit » moteur qui grâce à la légèreté de la voiture (380kg) lui permettra de pousser la Vespa 400 à plus de 90 km/h… Ce qui était honorable à l’époque. Pour rappel, les Citroën 2CV, Renault 4CV ainsi que les Fiat 500 Nuova n’allaient pas plus vite, voir afficher 10km/h de moins.
Seul problème, son gros appétit pour un si petit moteur, plus de 8 litres au 100 ! Ce défaut de conception sera un atout de poids pour ses principales concurrentes. Initialement équipée d’une boite à vitesse trois rapports assez capricieuse elle fut remplacée par une boite à quatre rapports en 1960 (de série).
Les premiers propriétaires de Vespa 400 devaient faire eux-mêmes leur mélange huile (2%) – essence (98%). Une petite pompe à manivelle fut logée, à cet effet, sous le capot A partir de 1958 un mélangeur semi-automatique fut installé, de série, simplifiant encore plus l’utilisation de cette mini-citadine.
En 1959 l’entreprise décède de revoir le moteur en augmentant son taux de compression ce qui améliore ses performances. A cette occasion le moteur passera de 12 à 14ch, la Vespa 400 pouvait ainsi atteindre maintenant une vitesse de 100km/h. L’année suivante, souhaitant actualiser son offre à la demande clients Paggio lance deux nouvelles versions à l’équipement amélioré ; une version Grand Tourisme ainsi qu’une version Luxe.
Un intérieur tout aussi simple mais au confort non négligé
Même si aujourd’hui cela pourrait nous faire doucement sourire, compte tenu de nos standards actuels mais la Vespa 400 était une voiture réputée assez silencieuse pour l’époque ! Et ceci malgré son bicylindre (qui ne sont pas les plus silencieux) et sa capote en toile. Le tableau de bord se compose d’un compteur de vitesse relativement grand et d’une boite à gants ouverte, placée au niveau du passager. Toutefois il est a noter que ce côté « dépouillé » ne dénoté pas par rapport à ses principales concurrentes.
Les sièges qui étaient au début de la production constitués d’un simple cadre tubulaire en fer et d’un recouvrement en tissus montent en gamme en 1958. La sellerie est revu pour un revêtement plus qualitatif mais surtout pour un meilleur rembourrage (épaisseur et hauteur), le confort y gagnant !
En 1959, comble du luxe, la voiture est équipée de fenêtres coulissantes. D’autres modifications interviendront cette année comme l’installation de clignotants sur les ailes avant.
Côté anecdote
Pour conclure cet article, saviez-vous que Paggio avait inscrit des Vespa 400 au départ du Rallye de Monte-Carlo en 1958 ?! Bien entendu, le succès ne fut pas au rendez-vous….le coup de publicité aux pieds et à la barbe de l’Italie par contre, oui !
Remerciements à Laurent Briquet de www.ma-vespa-400.com ansi qu’à France Dholander de www.classiccardesign.fr pour le droit à l’usage des photos. N’hésitez pas à visiter leurs sites.